jeudi 15 mai 2008

Libre Max




Combien de Présidents de La République, combien de stars du cinéma français, combien de Maires de Paris rendront hommage à Max Amphoux? Pas bézef, à n'en point douter, trop occupés à vidanger les huiles polluantes d'un Sevran au moteur encrassé par ses propres vilenies.

Pendant 40 ans, Max a trimballé sa silouhette massive, la clope au bec, le sourcil froncé, pour dénicher un artiste, défendre une chanson, s'engueuler avec un patron de label ou un programmateur de radio, intransigeant sur la qualité professionnelle de ses partenaires, impitoyable face à la veulerie et aux impostures. On l'aurait dit tout droit sorti des "Tontons flingueurs", craint autant que respecté, capable d'anéantir d'un seul regard par dessus ses lunettes. Comme tous les ours mal léchés, Max était tout tendre à l'intérieur, se laissant affubler de surnoms ridicules par ceux qu'il aimait vraiment.

Il n'était ni auteur, ni compositeur, ni interprète. Un éditeur et un producteur comme il en reste peu. De la trempe des Francis Salabert et des Raoul Breton. Avec une qualité essentielle, un goût pour transmettre son savoir qui lui vaudra, longtemps encore, l'admiration de plusieurs générations de "professionnels de la profession". Cet amoureux de la chanson a oeuvré auprès d'artistes populaires et plus pointus, sans snobisme, de Marie-Paule Belle à Alain Bashung, de Demis Roussos à Jacno, d'Isabelle Aubret à Jean Guidoni, de Bibie à Kent, de Sabine Paturel à Joan-Pau Verdier. Il laisse quantité de refrains à la mémoire collective sans que nul ne sache qu'il fut derrière ("L'amour est bleu", "La parisienne", "Il", "Juste quelqu'un de bien", "Gaby, oh Gaby", "Quand t'es dans le désert"... Voir aussi le Blog de Philippe Barbot).

Ces dernières années, il a révélé Clarika, Lo'Jo ou encore La Grande Sophie, luttant à leurs côtés avec une hargne que déploient peu d'éditeurs musicaux. (Voir aussi le Blog de Baptiste Vignol)

Oui, Max était parfois casse couilles; Oui, on pouvait le prendre en flagrant délit de mauvaise foi; Oui, mieux valait ne pas être l'objet d'une de ses tonitruantes colères; mais putain qu'est-ce que ce type a fait comme bien à son métier, à ses artistes et à ceux qui l'ont côtoyé!


Voir : Portail Sacem
et :
Carnet du Monde - V. Mortaigne


Lo'Jo